J295 à 298 : Arequipa, ville Blanche, bleue et rouge

La route qui nous sépare d’Arequipa est encore longue, une dizaine d’heures environ. Nous traversons une région de montagnes pellées. Ponctuées de quelques lagunes, les steppes s’étendent à perte de vue sans la moindre trace d’arbre à l’horizon. A 4000 mètres d’altitude en moyenne, les lamas sont les seuls animaux capables de résister à ces conditions de vie rigoureuses. Dans les petits hameaux isolés, ils se tiennent chaud les uns contre les autres, serrés dans les enclos de murs en pierre sèche qui forment des cercles presque parfaits dans les étendues d’herbe rase.Enclos_LamasPaysage_Andin_PerouPanneau_Lama_Perou

 Après une étape dans la petite ville sans charme d’Espinar où nous dégottons un hôtel pour les copains avec stationnement dans la cour pour nous, nous atteignons Arequipa. Durant deux jours, nous profitons de cette ville animée pour passer nos derniers moments tous les cinq, avant le départ des copains.

Un cœur de Sillar…

Le cœur historique d’Arequipa est principalement construit en blocs de « Sillar », une pierre volcanique poreuse et claire, qui rappelle vaguement la pierre de Castrie à Montpellier. Les rues sont lumineuses et animées et la place principale offre un bel espace public sur lequel s’ouvre la grande cathédrale, sobre et imposante. Au crépuscule, un homme joue à l’orgue, immense.

Arequipa_Place Arequipa_Place_night

La ville est entourée des hauts sommets Andins, dont les pointes blanches sont visibles depuis de nombreuses rues. Depuis l’un des bars en terrasse sur le toit d’un immeuble, la vue se dégage jusqu’aux montagnes et aux volcans qui encerclent Arequipa et qui semblent si proches, lorsqu’ils ne sont pas embrumés d’un nuage de pollution trouble…Volcan_Arequipa Street_Arequipa

Arequipa_Perou Arequipa_StreetArequipa_PatioUne nuit volcanique

En ce samedi soir, et dernière soirée tous ensemble, nous découvrons la vie nocturne des Arequipeños. Loin du Pérou rural et populaire que nous avons découvert jusqu’à maintenant, la jeunesse aisée vient ici s’abreuver de bière et de « Pisco Sour », le cocktail local, sur fond de musique internationale. C’est dans le bar branché au nom familier de « Déjà vu » (à prononcer ici « Déyawou » ), que nous profitons d’une soirée mémorable sous le signe du Pisco. Par respect pour nos amis et nous même, aucune photo ne seront dévoilées sur ce site!

Un havre de couleurs dans la ville blanche : El covento Santa Catalina

 Derrière de grands murs de sillar en plein centre de la ville, se trouve, insoupçonné, le magnifique couvent de Santa Catalina. Etendu sur près de 20 500 m², il est un vrai village dans la ville, et le plus grand couvent du monde… Une quarantine de sœurs y vivent aujourd’hui encore recluses, dans sa partie la plus moderne datant des années 70. Jusqu’à cette date, le couvent abrita jusqu’à 450 de religieuses, totalement coupées du monde extérieur. Les murs en pierre de sillar sont enduits de chaux teintée aux pigments naturels d’un bleu électrique ou d’un rouge terracota. L’intensité des couleurs nous fait perdre la notion du ciel bleu dans les petits patios, où il apparaît presque fade, encadré par quatre murs d’un bleu profond. Les plantes grasses et les géraniums se détachent sur ces fonds éclatants.Couvent_Arequipa

Bleu_Electrique

Patio_Santa_Catalina

Plante_BleuL’architecture du couvent est un enchaînement de patios communs et de ruelles intérieures, qui desservent les nombreuses cellules individuelles des sœurs. Chaque espace, privé ou partagé jouit de qualités remarquables. La lumière pénètre dans chaque endroit, créant une ambiance paisible. Les cellules disposent chacune de patios privatifs, avec cuisines extérieures et fours d’adobe. Les ruelles ou les courettes d’entrée, assurent parfaitement la transition entre les espaces partagés et privés. Au détour d’une ruelle, on découvre même une placette, agrémentée d’une fontaine et de plantations, qui vient définitivement confirmer la sensation de petit village qui règne dans ce lieu d’exception.Ruelle_Santa_Catalina Santa_Catalina_Arequipa Santa_Catalina_Arequipa_Rouge

Cour_Couvent_ArequipaEn déambulant dans ce dédale de cellules et de passages, on imagine la vie qui devait fourmiller entre ces murs, des dizaines de sœurs à l’ouvrage dans leurs cellules et dans les lieux partagés comme les grandes cuisines ou les salles à manger. Depuis le toit de l’Eglise, on peut observer le tissu urbain qui s’étend jusqu’aux montagnes enneigées, autour de ce couvent, hors du temps.

Couvent_Arequipa_PlaceArequipa_Vue
A bientôt les amis

Après trois semaines partagées avec Laurent, Antho et Marion à bord de notre bête de voyage, il est temps pour nos trois amis de boucler leurs sacs et de se dire à la prochaine. Après cette folle cavalcade en famille à travers le Pérou, nous nous préparons à nous retrouver en tête à tête et trouver notre van presque grand et presque vide… !

Arequipa_colourPour nous consoler, nous découvrons la fabrique de laine de la ville, les ateliers Mitchel, et faisons (plus moi que William je dois l’avouer…) un stock de pelotes de laine de bébé Alpaga à un prix défiant toute concurrence. C’est aussi l’occasion de contempler le travail fascinant des tisseuses traditionnelles, penchées sur leur ouvrage, le métier attelé autour de leur taille à la manière ancestrale.

C.