Nous quittons Cuzco, repus de bonne chair et de vieilles pierres. En chemin, nous empruntons une piste de terre sur plusieurs dizaines de kilomètres, qui serpente paisiblement dans les Andes, traversant des petits villages de terre et des pâturages peuplés de lamas, gardés par des bergères en jupe traditionnelle. Au fond de la vallée, la rivière devient de plus en plus petite, à mesure que la piste grimpe à flanc de montagne. Toujours chargés jusqu’aux dents, le van continue de nous impressionner et atteint le parking de terre, culminant à près de 48000 mètres d’altitude…
Fraîche nuit à 4800 mètres d’altitude…
Au départ du sentier de randonnée, dans un vallon d’altitude où sont plantées quelques tentes autour desquelles broutent les chevaux des guides, nous nous préparons à passer une nuit courte et fraîche avant d’entamer notre ascension vers la montagne colorée à quelques kilomètres de là. Les gardiens du site, qui campent toute la semaine à l’entrée et se relaient chaque semaine avec une autre famille, s’empressent de venir aider Laurent et Marion à planter la tente à quelques mètres du van. Au crépuscule, la température chute rapidement et ils nous amènent une poignée de pommes de terre andines fumantes, cuisinées par leurs soins, pour nous « faire goûter et nous réchauffer »… ! Nous les remercions de leur hospitalité en leur faisant visiter notre intérieur avant de nous régaler de ces pommes de terre cuites à point.
Nous nous glissons tôt dans nos duvets car nous commencerons à marcher dès 5h le lendemain, afin d’être seuls à profiter du spectacle avant l’arrivée des tours organisés et leur hordes de visiteurs… La nuit est claire et sous un ciel constellé d’étoiles, la température continue de baisser. Laurent et Marion ont sorti la couverture de survie sous la tente ainsi qu’Anthony dans la tente de toit du van.
Au réveil, à 4h45, les étoiles sont toujours là et le thermomètre affiche -8°C. Tout le monde a survécu !
Des couleurs plein la vue…
Nous commençons la randonnée à l’aube, munis de nos lampes frontales. A travers champ, les lamas encore ensommeillés nous regardent passer au milieu de leur troupeau d’un œil tranquille. Nous effectuons l’ascension de 3H, seuls dans ce grand paysage désert.
Le soleil commence à nous chauffer doucement la couenne lorsque nous atteignons le sommet à près de 5200 mètres. Le panorama est splendide. La montagne dite « aux 7 couleurs » se dresse face à nous, déployant un dégradé de couches de terre de l’ocre au rouge foncé. Nous dégustons notre petit déjeuner face à ce spectacle.
En poursuivant le sentier un peu plus loin, dans une vallée de terre rouge, nous sommes doublés par un troupeau de lamas, accompagnés d’un berger et deux bergères. Les pompons de laine colorée qui pendent à leurs oreilles rajoutent de la couleur au tableau. Les bergers luttent pour maintenir leur troupeau groupé. Un mâle récalcitrant refusant de capituler traîne le berger sur plusieurs mètres dans la pente terreuse qui descend vers la vallée. Nous observons, envoûtes, cette scène hors du temps.
Lorsque le moment est venu de redescendre par l’autre vallée, nous sommes tout de suite ramenés à la réalité en apercevant le flux continu de marcheurs qui montent en procession le long du chemin que nous empruntions seuls une heure auparavant. Les tours organisés ont débarqué, il est temps pour nous de fuir ! Nous redescendons à contre-courant pour rejoindre le van sur le parking de départ ou nous dégustons un repas de chef avec en dessert le tiramisu préparé la veille.
Encore sous le charme de cette randonnée aux milles couleurs, nous redescendons dans la vallée et mettons le cap sur la ville d’Arequipa, dernière étape du séjour avec les copains…
C.