Route mythique de la Patagonie Chilienne, la route 7, plus connue sous le nom de carretera Austral, relie Puerto Montt au Nord à Villa O’Higgins 1200km plus au Sud. Conçue à la fin des 80 pour désenclaver la région d’Aisen elle traverse des régions hostiles et isolées de fjords et de forêts denses. Pour nous épargner quelques centaines de kilomètres de piste nous avons rejoint directement Puerto Cisnes en ferry depuis Chiloé.
Réveil dans les fjords
Avant d’atteindre Puerto Cisnes c’est donc sur le ferry au milieu des fjords que nous nous réveillons.
La ligne Chiloé-Puerto Cisnes dessert plusieurs petites bourgades inaccessibles autrement car perdues sur des îles ou sur des côtes sauvages qu’aucune route ne connecte à la carretera austral. Toutes les marchandises transitent donc par bateau à l’image du semi-remorque garé à coté du van et qui décharge une partie de sa cargaison par une porte latérale à peine entrouverte. C’est d’abord des tubes de pvc de 3m de long qui passent au dessus du van puis des tasseaux de bois, viennent ensuite les sacs de ciment et le carrelage nous préférons monter sur le pont pour ne pas assister au déchargement des plaques d’OSB.
Un peu plus tard, lorsque le bateau fait escale sur l’île minuscule « Isla Toto », aucun véhicule ne débarque car il n’y a même pas de route. Un marché ambulant s’est installé sur le bateau. Quelques habitants amarrent leurs barques sur les flancs du ferry et viennent faire le stock de fruits, légumes et autres bières et conserves sur le stand installé entre les camions et les voitures.
Après 24h de traversée nous débarquons à Puerto Cisnes au milieu de la Carretera Austral et au cœur de la Patagonie Orientale !
De Puerto Cisnes à Rio Tranquilo
La pluie nous accompagne pour nos premiers jours en Patagonie mais contrairement à ce qui était indiquée sur notre carte la route est bitumée. Bonne surprise !
Nous pouvons donc découvrir plus sereinement les nouveaux paysages qui s’offrent à nous. Ici les forêts sont exubérantes et verdoyantes, des bambous, des mousses et autres plantes invasives viennent remplir le moindre espace aux pieds des conifères créant une forêt dense et impénétrable. Ces forêts prennent place au pied de montagnes coiffées de neige le long desquelles s’écoulent des dizaines de cascades.
En avançant vers le Sud, peu à peu la forêt laisse place à des vallées dans lesquelles on trouve de nombreux élevage de bovins et d’ovins. On y compte pléthore de petits veaux et de « bébés agneaux », comme on a pris l’habitude de les appeler. L’eau n’est jamais loin, sur le coté ou en contrebas de la route les rivières s’enchaînent et s’écoulent toutes dans un sens différents, c’est assez déroutant.
Une fois passée la ville de Coyhaique le bitume disparait et nous continuons sur une piste caillouteuse jusqu’au hameau de Puerto Rio Tranquilo 200km plus loin.
La cathédrale de Marbre
Puerto Rio Tranquilo est, comme son nom l’indique, un petit hameau tranquille posé sur les rives du lac Général Carrera. Seule la quinzaine de cabanons alignée le long de la route au bord du lac trahit la présence d’une activité touristique. C’est en effet d’ici que partent tous les tours pour la cathédrale de marbre.
Nous voilà donc sur un bateau au milieu du lac en direction de ces fameuses formations. Il s’agit en fait de parois de marbre à l’intérieur desquelles l’érosion a creusé de nombreuses galeries. Le blanc de la pierre, parfois bleuté, parfois noirci par la sève des arbres qui poussent sur les flancs des falaises, tranche avec l’eau du lac tantôt bleue tantôt turquoise.
Le clou de la balade c’est la fameuse cathédrale de marbre, un gros rocher qui forme une île de marbre en forme de champignon. En contraste avec la masse imposante que représente l’ensemble du bloc, les « piliers » et les « parois » qui affleurent du lac et soutiennent ce gros bloc de marbre sont d’une extrême finesse par endroit. Et nous sur notre frêle esquif nous sommes dans les cavités sous ce gros bloc, mieux vaut que rien ne casse à ce moment là!
De Rio Tranquilo à Chile Chico
Une fois remis de nos émotions nous poursuivons notre route, nous longeons le lac et rejoignons la rive Sud. Lacs, cascades, montagnes et rivières, nous ne perdons pas une miette des paysages grandioses qui défilent sous nos yeux écarquillés.
Avant de repasser en Argentine nous nous dénichons une petite clairière en bord de route tapissée d’herbe bien verte et pigmentée de quelques bouses de vache. Un bivouac paisible et sauvage qui vient clore en beauté notre passage dans la région.
On s’attendait à trouver une nature sauvage en Patagonie, nous sommes servis et bien servis!
W.