Alexis et Christian – Tiny House Expedition

Au fil de nos rencontres nous nous sommes aperçu que les tiny-houses (littéralement micro-maisons) étaient en train de faire bouger les lignes établies dans le monde de la construction en Amérique du nord. Alors quand nous avons appris qu’un couple de Caroline du Nord sillonnait les USA en tractant leur maison il n’a fait aucun doute que nous devions les rencontrer pour en apprendre d’avantage sur ce mode d’habitat.

C’est donc à Santa Cruz en Californie que nous avons passé une journée avec Alexis, Christian et leur drôle de convoi, qui à eux trois forment la Tiny House Expedition.

Impossible de les louper en arrivant au point de rendez-vous, sur le parking du front de mer, un gros utilitaire qui tracte une petite maison en bois ça prend de la place et ça ne passe pas inaperçu.

L’expédition

Alexis et Christian ont décidé de lâcher boulot et vie tranquille pour partir sur les routes de leur pays. Mais ils ont décidé d’emporter leur maison avec eux!

Depuis 16 mois sur la route, ils sillonnent L’Amérique du Nord (USA et Canada) à la rencontre du public et des professionnels pour promouvoir ce nouveau mode d’habitat, qui est en train de devenir un véritable phénomène de société.

Tiny house Expedition est avant tout un projet documentaire éducatif sur le mouvement des tiny-houses. Alexis et Christian filment ainsi des personnes ayant adopté ce mode de vie et parlent de leur expérience. D’une manière plus générale, ils s’intéressent à tout type de micro-habitats et habitats mobiles et aux modes de vie qui en découlent.

C’est dans ce contexte qu’ils ont souhaité en savoir plus sur l’aménagement du van et notre façon de vivre dans notre « micro-habitat-mobile ».

Tiny House Expedition c’est aussi une chaîne de petites vidéos documentaires qui donnent les clés pour établir un projet d’habitat en tiny-houses, comme avec cette vidéo intitulée « Living tiny legally Part1 » (Vivre « Tiny » légalement).

https://www.youtube.com/watch?v=ZfLAKgJGc2g

Au cours de leur voyage, ils organisent et participent aussi à des évènements communautaires pour sensibiliser et informer sur le sujet des tiny-houses, par le biais de conférences et de journées portes-ouverte.

Un mode de vie plus durable ?

Pour Christian et Alexis, leur mode de vie se veut plus durable. Depuis qu’ils ont troqué leur « vie d’avant » pour une vie en tiny-house sur la route, ils passent moins de temps à l’intérieur, et sont plus ouverts au monde extérieur et à leur environnement. Le fait d’habiter un espace réduit à son strict minimum s’inscrit dans une démarche durable, limitant l’impact sur l’environnement. Leur maison nécessite très peu d’énergie pour être chauffée et éclairée. Dans un espace aussi compact, l’accumulation d’objet reste limitée. Avec un fonctionnement parfois hors réseau (réservoirs d’eau et alimentation sur batterie) la consommation des ressources est réduite à son minimum.

L’aspect « mobile » de cet habitat pose inévitablement la question de la consommation de carburant. Tout dépend finalement de la fréquence de déplacement en fonction du mode de vie. Dans le cadre de la Tiny House Expédition, ce projet à caractère exceptionnel implique beaucoup de kilomètres, mais ce n’est pas le cas de la plupart des habitants de tiny-houses qui s’installent généralement de manière plus durable, avec toujours dans l’idée de pouvoir facilement changer d’endroit au cours de la vie.

Quel cadre légal pour ce type d’habitat ?

Alexis et Christian ont construit eux-mêmes leur maison, sur une plateforme de remorque. Il n’existe pas réellement de définition pour ce type d’habitat. Selon la loi américaine, leur maison est considérée comme un RV (« Récréational Véhicule ») , l’équivalent finalement d’un camping-car.

En Amérique du Nord, seulement quelques villes ont reconnu les tiny-houses comme un type d’habitat et ont défini des zones autorisant leur installation. Par exemple, dans certaines villes en Californie, une tiny-house peut être installée dans une arrière-cour sans autorisation administrative ou permis de construire complémentaire. En Floride, une ville a autorisé l’organisation de communautés de tiny-houses sur des terrains communs.

Alexis nous explique que ce mouvement se développe grâce à l’intervention d’avocats plaidant pour la défense de ce type d’habitat et la définition d’un cadre légal pour ces modes de vie. Cette démarche est très importante pour le développement du mouvement car dans la plupart des états américains, il est interdit de vivre dans un véhicule aménagé, qui est d’ailleurs clairement définit comme « Véhicule de Récréation » (RV).

Le combat de cette communauté pour faire légaliser ce type d’habitat consiste à définir du point de vue de la loi, les tiny-houses comme étant conçue pour être un habitat durable, avec des matériaux sains et souvent recyclés, isolé et ventilé et capable de respecter les normes de construction (« building code ») donc bien différente d’un véhicule aménagé…

De plus en plus de villes commencent à adapter leur code de construction, permettant des constructions de plus en plus petites. Selon Alexis, aux Etats-Unis la surface minimum fixée pour une construction est déjà trop grande. Pour être autorisé à construire en dessous de 1000 pieds carrés (Environ 93 m²), il est nécessaire de négocier des autorisations avec la ville pour adapter le « zoning code » ainsi que le « building code » (équivalent de nos PLU et Codes de construction). C’est donc un long travail de démarches administratives, villes par villes, pour faire évoluer les pratiques de construction…

En attendant, aujourd’hui la plupart des habitants de Tiny house vivent dans des cours arrière ou sur des terrains privés, appelés les « zones grises », ce qui la plupart du temps reste encore considéré comme illégal aux Etats-Unis, alors que ce mouvement ne fait qu’amplifier.

Pour mener à bien leur projet, Alexis et Christian voyagent avec leur maison et passent leur vie sur la route en utilisant des espaces de parkings variés à la manière des véhicules de récréation. Mais ils ne font partie que d’une toute petite partie de la communauté de tiny-house, dont la plupart vivent de manière plus sédentaire, même si l’idée de pouvoir déplacer son habitat facilement fait partie de la philosophie de ce mouvement.

L’aménagement intérieur de la Tiny House

CW : Expliquez-nous comment vous avez conçu puis construit votre habitat.

Christian : « Nous l’avons conçu pour qu’il corresponde parfaitement à notre mode de vie. On est parti d’un modèle standard de Tiny house industrialisé, que nous avons modifié et adapté à nos besoins. On voulait tous les deux pouvoir avoir des vues traversantes dans les deux sens de l’espace de vie. La maison ne fait que 17 pieds de long (environ 5,18), mais les ouvertures traversantes donnent une impression d’espace dans la longueur. L’espace principal s’organise autour d’un grand canapé (assez grand pour que j’y tienne allongé le temps d’une sieste!), et d’une table qui sert tantôt de bureau tantôt de table à manger »

Alexis : « On a aussi dû adapter les dimensions des ouvertures en fonction des menuiseries qu’on avait pu récupérer pour les réutiliser. La plupart des matériaux de construction que l’on a utilisés pour la réalisation de la maison sont des matériaux récupérés et recyclés. »

Christian : « Par exemple, on a réalisé la terrasse extérieure devant la porte d’entrée et le parquet intérieur avec du bois qui était stocké dans une ferme depuis 60 ans et que l’on a pu récupérer! Une solution à la fois écologique et économique. De cette manière, on a pu récupérer beaucoup de matériaux sur des bâtiments voués à être démolis. »

Alexis : « Comme cette maison est « DIY » (Do It Yourself, comprendre « fait soi-même ») nous avons dû faire face à beaucoup de petits problèmes et nous avons pu compter sur l’aide d’un ami charpentier pour en résoudre certains ! Mais ça nous a appris à construire notre maison nous-même. »

La Tiny-house de Christian et Alexis :