Techniques constructives des anciens Pueblos : Bois, Terre crue et maçonnerie en pierre sèche.

Maisons puits et premières maisons de plain-pied : La technique du Torchis

Les tout premiers abris conçus par les anciens pueblos dans la région des « Four corners » étaient de simples cabanes en bois et terre semi-enterrées : Les maisons-puits. Le sol était donc excavé sur une soixantaine de cm. Au centre de ce « puit », un trou plus profond était creusé pour l’emplacement du foyer. D’autre parfois pour créer des espaces de rangement, recouverts ensuite de branches de bois et pierres plates en guise de plancher. Un petit trou dans le sol d’à peine 5 ou 7 cm de diamètre, le « sipapu », symbolisait probablement le lien avec l’origine du monde au centre de la terre, selon les croyances indiennes.

La technique de construction utilisée pour réaliser les murs inclinés et le toit était celle du torchis. Quatre poteaux verticaux à l’extrémité en forme de fourche soutenaient quatre poutres qui formaient ainsi la charpente principale. Les poutres étaient liées entre elles à l’aide de fibres de yucca, tissées pour former des liens. Une trémie était créée au niveau du toit pour l’entrée dans la pièce. Cette structure était ensuite couverte d’une structure secondaire de branches ,posées inclinées sur les poutres et encrées en pied dans le sol. Enfin, le tout était recouvert de végétaux séchés puis d’un enduit de boue et paille mélangés.

Les indiens avaient mis au point une technique de ventilation qui permettait l’évacuation des fumées du foyer central par la trémie. La simple ouverture qui servait également d’entrée en toiture était probablement insuffisante à la bonne circulation de la fumée.  Une ouverture à l’arrière, dans l’axe du foyer formait un conduit de ventilation vertical par lequel pouvait entrer de l’air frais. Une pierre  posée de champ entre le foyer et l’entrée d’air faisait office de déflecteur, ce qui créait ainsi une circulation d’air et permettait l’évacuation de la fumée.

Lorsque les maisons puits ont évoluée en maisons de plain-pied, les premiers villages « pueblos » étaient encore construits selon la technique du torchis. Les murs devenus verticaux, les branchages et végétaux étaient alors « tissés » sur la structure secondaire. Parfois les murs étaient renforcés avec des pierres, mais restaient principalement composés de branchage et terre. C’était les premiers pas vers les murs maçonnés. Posées  sur le champ en pied de mur, des pierres plates pouvaient servir de protection pour les éclaboussures des eaux de pluie.

Maisons de plain-pied des « abris sous roche » et « grande maisons »

Les murs extérieurs : Pierre taillée, mortier et enduit terre

Pour les maisons de plain-pied, la technique de pierre hourdée et enduit terre mise au point par les indiens permit de construire des habitats plus pérennes. D’abord en mur simple puis double, les habitats pouvaient ainsi être conçus sur plusieurs niveaux. Les murs étaient bâtis en pierres taillées sur des fondations en pierres, appareillées horizontalement et stabilisées avec un mortier de pierres réduites en poudre mélangé à des terres sablonneuses. Des petites pierres de colmatage étaient introduites, de manière à former des joints serrés. Les deux faces des murs étaient ensuite enduites de terre. Les enduits intérieurs pouvaient être peints et décorés. Dans le cas des murs doubles, les pierres taillées étaient montées de chaque côté et le centre du mur était alors rempli de tout venant, pierres non taillées et mortier. Certains murs atteignaient ainsi 90 cm d’épaisseur.

L’appareillage des pierres différait selon les endroits et l’on trouve des variantes intéressantes, souvent assez graphiques.

Avec l’évolution de l’habitat, les ouvertures dans les murs évoluent. On trouve dans les villages et « abris sous roche » et des «  grandes maisons »  des fenêtres et des portes, en plus des accès en toiture. Ces ouvertures étaient aménagées dans les murs de pierre à l’aide de linteaux en rondins de bois. Cette technique permettaient aussi aux indiens de créer des fenêtres d’angle, que l’on retrouve souvent dans les « Grandes maisons » comme à Aztec Ruins ou à Chaco Canyon. Ces ouvertures devaient avoir une signification spécifique qui expliquerait leur mise en œuvre malgré les efforts techniques qu’elles demandent par rapport à des ouvertures simples.

Les portes en forme de T sont typiques de cette région et cette période. Elles ouvraient le plus souvent sur les plazas ou les espaces publics, alors que les connexions à l’intérieur des pièces étaient plutôt de simples ouvertures rectangulaires. La forme de ces ouvertures a fait l’objet de plusieurs théories,  la plus répandue étant celle qui justifie le passage des habitants les bras chargés de paniers et de victuailles.

Toiture et plancher : poutres bois et terre compactée

Les planchers et toitures étaient composés d’une structure primaire de sections de bois complètes : Les « vigas », positionnées dans le sens de portée le plus court de la pièce, et ancré dans l’appareillage des murs de pierre.

Des poutres secondaires plus petites, « latillas » étaient ensuite disposées dans le sens opposé sur cette structure primaire. Des morceaux de bois coupés dans le sens de la longueur, ou des branchages recouvraient ensuite cette seconde structure, parfois complétée de fibres végétales, pour accueillir enfin une épaisse couche de terre compactée d’environ 15 cm qui composait le plancher supérieur, ou la toiture-terrasse. Des enduits extérieurs à base de chaux et parfois de résine végétale permettaient d’assurer l’étanchéité. Ces enduits devaient être entretenus chaque année.


Dans certains villages d’abris sous roche, les habitations sur deux ou trois niveaux étaient connectées par un système de coursives extérieures qui servaient vraisemblablement aussi de « balcon » comme espace de travail. Ces coursives étaient bâties selon la même technique que les planchers et toitures, avec des « vigas » en porte à faux, comme à « Balcony house », à Mesa Verde. Ce système de circulation témoigne de la complexité de connexion et d’organisation des espaces entre les différents niveaux habitations et d’espaces publics. Certaines plazas étaient aménagées de plain-pied avec le niveau supérieur, selon une organisation en terrasse.

 

Un intérieur en terre : Cloisons en torchis et sol en terre

Dans les maisons de plain-pied en pierres, certaines pièces possédaient des cloisons intérieures construites en torchis (structure bois, recouverte de branchage et enduites en terre et paille). Les enduits étaient appliqués à la main puis lissés à l’aide d’outils spécifiques en pierre.  Les sols étaient simplement réalisés en terre compactée, parfois stabilisée à la chaux ou encore avec des dalles de pierre.

Second oeuvre : Fenêtres et rideaux

Un certain niveau de confort et de finition caractérise les habitations du peuple des anciens pueblos. Les ouvertures étaient la plupart du temps agrémentées de rideaux formés de nattes de roseaux tressées, suspendues aux linteaux des ouvertures.  Parfois, les fenêtres étaient closes avec des feuilles de micas ou de gypse, roche translucide qui permettait de laisser passer la lumière.

Les kivas : Dômes en structure bois

La forme du plafond des kivas a évolué de la structure carrée des quatre poutres de la « pièce puit » posées sur les quatre poteaux centraux décrite plus haut à une structure hexagonale formant un dôme basé sur six poteaux périphériques.

Le plafond en dôme des kivas et grandes kivas était réalisé en rondins de bois disposés en encorbellement, sur six poteaux périphérique initialement en bois puis en pierre, appelés « pilastres ». Entre chaque poteau, un banc périphérique formait comme une banquette qui encerclait la salle. Le plafond était ensuite recouvert d’un mélange de végétaux et de terre pour former un sol de niveau avec la plaza.

C.