Projet Bonita Domes : Constructions en sac de terre selon la technique de CalEarth

Lors de notre premier passage en Californie, nous avions entendu parler de l’organisation CalEarth fondée par l’architecte Nader Kalili, et de la technique de construction en sac de terre. De retour sur la côte en direction de Los Angeles, c’est à la sortie de désert de l’Arizona, près de la ville de Joshua Tree, que nous avons découvert de le projet « Bonita Domes », initié par Lisa Star, ancienne élève des workshops de construction de  CalEarth

Ces constructions un peu loufoques aux allures de maisons de conte pour enfants ont attiré notre attention et nous avons voulu en savoir plus sur leur conception et leur fonctionnement.

Lisa Star et son projet Bonita Domes

Lisa se définit elle-même comme une « Drum medecine woman », en d’autres termes, une  « chamane ». Elle nous expose son travail à la recherche du bien-être de ses patients à travers le contact avec les quatre éléments, eau, feu, terre et air. A la recherche d’un apprentissage d’un système constructif réalisable en auto-construction pour bâtir un site où y accueillir ses patients, Lisa a suivi un workshop de construction au sein de l’organisation CalEarth. Dans cette technique de construction à base de sacs remplis de terre, empilés pour former des dômes, elle y a vu un parallèle avec son travail sur les différents éléments :

Terre : pour le remplissage des sacs

Eau et feu : Ciment

Air : Séchage du mélange

Le site de Bonita Domes:

Lisa a réalisé elle-même l’ensemble de son habitat et des petits gîtes pour ses patients. Chaque édifice est conçu sur un plan circulaire en dôme. Sa maison est un enchaînement de pièces circulaires, connectées entre elles par des petits couloirs, selon un plan organique.

Dans chaque espace principal, elle a créé des alcôves, chacune ayant des fonctions spécifiques : Salle de bain, coin lecture, petit salon etc..

Technique constructive

Le principe constructif développé par l’architecte Nader Kalili est assez simple. Il s’agit de remplir des sacs d’un mélange de terre crue, un peu de ciment et de l’eau, qui sont ensuite empilés les uns sur les autres avant de sécher.

Pour le tracé sur site au moment de la réalisation, un compas permet de déterminer les dimensions du dôme dans l’espace, en traçant les courbes en plan et en élévation. Ce compas est positionné au centre du cercle qui sera ensuite décaissé sur une quarantaine de centimètre environ.

 

On commence alors à positionner les sacs remplis, soit en cercles superposés selon un appareillage classique à la manière d’un igloo, soit en spirale, avec un seul grand sac continu qui s’enroule sur lui-même. Après avoir compacté les sacs, un fil barbelé est placé entre chaque niveau de sac de manière à les lier entre eux. Après séchage, des enduits
de terre et/ou chaux sont ensuite réalisés en intérieur et extérieur. Des ouvertures dans les murs et à la cime du dôme permettent d’assurer la ventilation naturelle de l’édifice.

Cette technique permet d’intégrer facilement les passages de gaines électricité et plomberie, au fur et à mesure du montage des murs.

Les dimensions des espaces qui résultent de cette technique de construction sont contraintes par les proportions géométriques de la structure de la voûte et du dôme. Par exemple, une pièce « couloir » en voûte ne peut excéder 180cm de large. Pour un dôme, le diamètre du dôme doit être égal à sa hauteur au point central.

Une technique à améliorer pour un confort durable

Avec le recul, Lisa nous fait part des dysfonctionnements dans son habitat et des améliorations qui pourraient être apportées à ces constructions. L’épaisseur insuffisante de la toiture des voûtes par exemple, procure un inconfort thermique en été comme en hiver. Une isolation complémentaire devrait être pensée à certains endroits de l’édifice.

Aussi cette technique constructive implique l’utilisation de sacs en toile plastique. Certains brûlent ces sacs pour se débarrasser de la paroi plastique une fois le séchage du mortier terminé, ce qui pose déjà la question du rejet de CO2 dans l’atmosphère. D’autres appliquent directement l’enduit terre sur ces sacs. Dans ce cas, qu’en est-il des propriétés hygroscopiques de la paroi ?

C.